Il ne s’agit pas ici de parler des dangers de la circulation routière, mais seulement d’évoquer un détail amusant sur la prise en compte du TBI dans les salles de classes.
Le périphérique à contre-sens ?
En informatique, un périphérique est, selon
Wikipédia, «
un dispositif connecté à un système informatique (ordinateur ou console de jeux) qui ajoute à ce dernier des fonctionnalités. […]
On classe généralement les périphériques en deux types : les périphériques d'entrée et les périphériques de sortie. ». En ce sens, le tableau interactif est à ce titre un périphérique à double-sens, puisqu’il est à la fois un périphérique d’entrée comme souris hypertrophiée et un dispositif de sortie comme écran de très grande dimension.
On s’arrête généralement à cela et on classe donc gentiment le tableau interactif comme un périphérique. Cependant, il convient d’y voir de plus près dans le cas du SMART Board…
Sortons du périphérique
Lors du lancement du
plan ENR, en 2009, la question qui revenait le plus souvent était «
si on ne prend pas le TBI, peut-on avoir plus d’ordinateurs ? ». Heureusement, la police de l’éducation a bien tenu le cap et n’a généralement pas autorisé cette sortie à contre-sens. Bien lui en a pris, puisque lors du lancement de la seconde vague, la question la plus fréquente est devenue «
si on ne prend pas tous les ordinateurs, est-il possible d’avoir plusieurs TBI ? ».
Que s’est-il passé en quelques mois pour expliquer un tel revirement ? En fait, les enseignants des écoles rurales ont très vite fait le chemin qui conduit à l’impasse de comment utiliser l’ordinateur en classe. Ils se sont rendu compte que c’était beaucoup de travail et pas toujours beaucoup de résultat alors que le TBI permettait, avec beaucoup moins de préparation, des accélérations beaucoup plus efficaces. Ils avaient découvert le TBI comme suppresseur de bouchon.
Code de la route
Pour que l’utilisation du tableau tienne la route, il faut cependant respecter des codes. En voici quelques-uns :
· Toute idée exprimée a de la valeur pour peu qu’elle soit argumentée et réfléchie. L’enseignant devra donc en tenir compte.
- · Toute idée peut être débattue, argumentée, adaptée, contredite. L’enseignant devra donc pouvoir animer le débat et conserver les traces nécessaires de l’évolution tout en gardant le cap.
- · Bien menés, vingt-cinq cerveaux peuvent émettre plus d’idées qu’un seul. L’enseignant devra donc favoriser la parole argumentée.
- · Un élève qui ne dit rien peut apprendre. Pour favoriser cela, l’enseignant veillera à ce que la parole d’élève, plus accessible aux élèves en difficulté circule. En entendant les autres s’exprimer, se tromper, rebrousser chemin, l’élève un peu en retard trouvera de multiples occasions de se raccrocher au flot du trafic.
- · Le logiciel utilisé sur le tableau devra disposer de l’agilité nécessaire pour se frayer un chemin dans les idées des élèves. Il devra donc être intuitif et l’enseignant se gardera de ces logiciels conçus pour créer de magnifiques leçons figées dans l’asphalte (ou le marbre) mais qui ne permettent pas de tout réaménager en fonction des besoins. On voit ici tout l’intérêt d’utiliser SMART Notebook, le seul logiciel tirant tout le parti possible de cette philosophie. En effet, la véritable interactivité, c’est ce qui se passe dans la mobilité de la parole dans la classe, pas le fait de déclencher une action en cliquant sur tel ou tel élément affiché à l’écran.
- · Le TBI n’est pas un simple écran de projection. La priorité de l’enseignant sera de comprendre la différence entre un TBI et un vidéoprojecteur d’une part et un TBI et un tableau classique de l’autre. Fort de ces deux sésames, il pourra mieux l’utiliser et éviter le plus grand danger du TBI (qui est en fait celui du vidéoprojecteur) en ne projetant pas à ses élèves des parcours préconstruits.
Le célèbre poème
d’Antonio Machado peut servir de fil directeur :
“Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.”
(Voyageur (élève), le chemin, c’est les traces de tes pas et rien de plus ; voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en avançant).
Revenons à notre périphérique
Fort de cette démarche, l’enseignant va donc utiliser son tableau interactif selon une direction propice à une évolution efficace de ses élèves. Sa préparation sera d’imaginer les chemins que ceux-ci pourraient prendre afin de leur aplanir, les difficultés, en prévoyant, par exemple, des ressources documentaires qui pourront être affichées en cas de besoin.
Progressivement, le TBI devient le véritable centre de gestion de la classe. Tout ce qui se passe va au final donner lieu à une trace sur sa surface. Trace qu’il sera possible de partager ou reprendre un autre jour.
Ce qui est le plus étonnant dans ces classes, c’est que l’enseignant en vient à oublier que c’est un ordinateur qui permet de réaliser ces parcours. Il est concentré sur son SMART Board, l’ordinateur devient alors le périphérique du Tableau Blanc Interactif, les rôles sont inversés et aucun gendarme, bien au contraire, ne viendra verbaliser la classe qui s’est lancée sur ce chemin.